Quoi de mieux comme destination pour les vacances qu'une belle île paradisiaque sous le joug d'un dictateur aussi cruel que laid ? Moi je sais : y aller armé jusqu'aux dents et pété de gadgets. Alors pour ceux qui n'ont pas eu le loisir de se payer une croisière au soleil durant ces deux semaines, insérez Just Cause 2 dans votre console, sanglez votre parachute et on est partis.
Just Cause 2 est le parfait exemple pour illustrer la différence entre "jeu bac à sable" et "jeu bac à sable". Dans le premier groupe, on peut retrouver les jeux nous propulsant dans une ville que l'on va pouvoir explorer de fond en comble à notre guise tout en étant tout de même tenu de suivre un scénario long, fouillé et qui nous fait avancer. Pour n'en citer que deux, je propose GTA et Mafia. Le deuxième ensemble regroupe les jeux qui se sont dit que laisser au joueur la liberté totale de foutre le bordel et de nettoyer la zone était une raison suffisante pour prendre la manette. Suivant cette idée, il devenait alors inutile de s'encombrer d'une histoire digne de ce nom ou même parfois purement de scènes cinématiques. Crackdown le faisait très bien, et Just Cause 2 le fait admirablement.
Nous voici donc propulsés sur l'île de "On-S'en-Fout" dans la région secrète de "Rien-à-Battre", au sud-est de "On-s'en-Branle". Monsieur "Gros-Laid" a décidé d'y imposer son pouvoir face aux factions dissidentes, elles-mêmes soutenues par toutes les puissances communistes du monde (les méchants). Face à eux, les bons Ricains (les gentils) désirent sincèrement libérer le pauvre peuple opprimé de "On-S'en-Fout". Pour ce faire, ils envoient Rico, un super agent adepte du base jump dont la spécialité est de répandre le chaos partout où on lui demande.
Nous voici plongé immédiatement dans l'action. Le principe est simple. L'île est composée de plus de 1000 localisations (villages, villes, bases militaires) qui sont autant d'occasions de foutre le bordel. Partout on trouve des propriétés du gouvernement à détruire ou des soldats à dézinguer. En plus de vous rapporter de l'argent, vos actions font grimper une jauge de Chaos grâce à laquelle vous débloquerez des missions, des armes et des véhicules disponibles via un marché noir. Parlons-en des missions. Chacune des 3 factions vous demandera d'étendre son influence en capturant des bases militaires où en remplissant des objectifs vaguement scénarisés. En général, elles se résument à aller d'un point A à un point B pour voler/détruire/apporter quelqu'un/quelque chose et d'évacuer vers un point C. Rien de bien folichon mais cela nous donne des buts de promenade. En plus de ces missions de factions, le scénario progresse une fois de temps en temps par le biais des missions données par l'Agence. Plus longues et plus complexes, elles vous mèneront très vite à la fin du jeu. Ne vous pressez donc pas.
Et ce ne sont pas les occasions de faire autre chose qui manquent. En effet, aux missions de factions se rajoutent également les courses sur terre, mer, route (ou pas) et dans les airs. Et enfin, chaque zone demande à être explorée de fond en comble. Un petit indicateur vous renseigne toutes les caisses d'améliorations à collecter et les biens du gouvernement à détruire. Chaque fois que vous accomplissez une de ces deux actions, le pourcentage de la zone grimpe petit à petit jusqu'au 100%, vous indiquant que cette zone est entièrement pacifiée. Avec plus de 1000 zones à parcourir, autant vous dire que finir le jeu intégralement vous prendra un temps incroyable. Pour vous donner une idée, j'ai fini le jeu en prenant mon temps et j'en suis actuellement à 33%.
Et c'est là le gros point fort de Just Cause 2. Où que vous alliez, une occasion de s'éclater se propose. Vous devez rejoindre un point à 3 kilomètres, soyez sûrs que vous ne le verrez pas de sitôt. Sur la route, vous vous serez sûrement arrêtés pour détruire une antenne qui trainait. Du coup, les soldats vous auront pris en chasse et cela aura été le prétexte pour une série de cascades en tous genres, d'explosion et de fusillades. Difficile de lâcher une manette. On se retrouve toujours à proximité d'un truc à faire et on se dit "bon, après ça j'arrête...enfin, on verra".
Raison de plus de rester scotché à l'écran : la réalisation. L'île est immense et propose des environnements variés allant de la jungle dense au désert en passant par les cimes enneigées. Les graphismes sont magnifiques, la distance de vue, impressionnante et la végétation réactive. Les modélisations quant à elles, sont plus que correctes pour un terrain de jeu de cette taille. Aucune concession n'a été faite et pourtant le jeu a le culot de rester fluide en toutes circonstances. Petit plus : après un temps de chargement raisonnable au début de la partie, l'action ne sera pratiquement plus jamais interrompue. Les animations très crédibles de Rico sont un régal et les physiques "légèrement" accentuées ajoutent encore au spectaculaire des situations.
Je n'en reviens pas d'avoir déjà écrit autant sans vous avoir parlé des deux accessoires qui donnent toute sa saveur au jeu : le parachute et le grappin. Ces deux petits bijoux vont vous permettre de vous sentir tout puissant. D'une seule pression, Rico déclenche son grappin qui le tracte alors là où vous le souhaitez. Que ce soit le haut d'un immeuble, sur un arbre ou la carlingue d'un hélicoptère. A partir de là, libre à vous de déclencher le parachute en une fraction de seconde pour commencer à planer doucement vers votre prochaine cible. Après un tout petit temps d'adaptation, on arrive à faire aller Rico exactement là où on le désire en lui faisant enchainer les base jumps et les vols planés à tout bout-de-champ. La sensation de liberté qui en résulte n'a pas été souvent égalée dans un jeu vidéo. Ces deux petits gadgets sont également utiles en combat. Vous êtes poursuivi ? Rien ne vous empêche de monter sur le toit de votre voiture lancée à 100 à l'heure et de sauter sur le capot de vos poursuivants pour les faire descendre un à un. Prenez ensuite le contrôle de leur véhicule en éjectant le chauffeur, accélérez et ouvrez votre parachute pour sauter du véhicule avant qu'elle ne rentre en collision avec une station essence. je vous laisse imaginer la suite. Des situations comme celle-là, on ne les trouve pas que dans les trailers fournis par l'éditeur. Elles arrivent toutes les 2 minutes. A vous d'être créatifs.
Après tous ces bons points, il faut quand même en souligner quelques uns qui, s'ils ne gâcheront pas notre plaisir, auraient gagné à être le fruit de plus d'attention. Tout d'abord, le ton du jeu est tellement série B qu'il en devient ridicule. On pourrait se dire qu'après tout, cela colle bien à l'atmosphère du jeu mais ici, ce n'est même pas drôle. C'est juste nul. Le scénario n'a ni queue ni tête, les personnages sont aussi profonds qu'un fan de tuning (de bolidage en fait) et les dialogues sont à vomir. C'est bien simple, je n'ai pas su regarder une seule cinématique dans son entièreté tellement cela m'énervait. Il est sûr que ça n'handicape pas beaucoup le jeu mais quand on voit le travail opéré sur un GTA, pourquoi n'aurait-on pas pu combiner les deux? De plus, certaines fonctionnalités comme le marché noir sont assez lourdes à utiliser, cassant parfois le rythme alors que l'on se commande une mitraillette ou une moto. Enfin, sachez qu'il vous faudra adhérer à fond à cette philosophie du 100% sous peine de couper le jeu après 2h, faute de renouvellement. Ici, c'est le joueur qui se crée des situations variées, pas le soft.
Néanmoins, ces petits bémols ne gâchent en rien notre plaisir. Le jeu est beau et fluide. La moindre action est prétexte à des fusillades et des courses-poursuites spectaculaires durant lesquelles notre personnage se manie avec la plus grande facilité. La difficulté est relativement bien dosée et exigera parfois que vous repensiez à deux fois votre stratégie. Je vous conseille pour ce faire de ne pas hésiter à hausser le niveau de difficulté. Cela n'en sera que plus gratifiant lorsque vous vous serez sorti d'une situation en apparence désespérée. Un très très bon jeu donc, que l'on ressortira volontiers de temps en temps pour essayer de glaner quelques pourcentages de plus.
Les plus :
La réalisation sans faille - L'action omniprésente - Le grappin et le parachute - Toujours quelque chose à faire
Les moins:
Parfois répétitif - Aucun effort pour le scénario
Pour plus de tests, rendez-vous sur www.lavisestdur.com.